Le témoignage masculin : une denrée rare
Plusieurs chercheur.euses expliquent qu’il est extrêmement difficile de recueillir un témoignage masculin d’avortement (encore faut-il que l’homme ait été présent lors de la démarche).
Pour des raisons évidentes (et nécessaires !) de droits, de protection et d’accompagnement des femmes, la parole des hommes n’est pas mise en avant. Cette fois, ils ne sont pas sur le devant de la scène. La chercheuse Geneviève Cresson explique que cela peut susciter un certain mal-être. En effet, ils ne sont pas les personnages principaux dans cette situation.
A cette difficulté, s’ajoute celle de ne pas vivre « l’événement » dans son propre corps et celle, socialement construite, d’exprimer plus difficilement des émotions. Je constate, en vivant l’avortement avec Adrien, qu’il est difficile pour lui d’en parler. Une forme de culpabilité similaire à la mienne persiste et, tout comme moi, il craint le jugement.
Un podcast pour briser le silence
Finalement, lorsqu’une femme déclare avoir avortée, nous sommes tous deux soulagés de pouvoir en parler avec elle ouvertement, d’échanger nos expériences et de montrer notre soutien. Il semble, selon notre expérience et les différentes recherches que j’ai pu lire, que c’est du côté des femmes que la parole circule à propos des vécus intimes tels que celui de l’avortement. Les femmes sont les confidentes des hommes à ce sujet.
Je voulais donc, en interrogeant Adrien, briser ce silence masculin, cette gêne si fréquente lorsque je parle de mon avortement devant des hommes. Car la fertilité et la procréation ne sont pas seulement des affaires de femmes.
Les hommes vivent des avortements.
Tout comme les hommes sont fertiles et peuvent prendre la contraception en charge. Le silence permet de repousser une certaine responsabilité. Du moins, il participe à ce que les hommes ne se permettent pas d’être accompagnés, de poser des questions, de s’informer.
Témoigner et s’informer
Je suis chaque fois ébahie de voir Adrien donner des informations sur la contraception masculine à d’autres hommes qui se posent des questions. Parfois, ce sont des informations qui sont accessibles en une recherche très simple sur internet. Mais que puis-je dire de plus alors que je n’étais moi-même pas au courant du fonctionnement d’un stérilet en cuivre avant de l’avoir sérieusement envisagé ?
Je souhaite simplement témoigner de nos vécus, nos émotions, pour pouvoir en parler et échanger des informations. C’est ce que nous avons cherché à faire dans notre podcast « le café des Lucioles ». C’est un bon outil pour creuser les tabous.
Car l’avortement n’a rien d’une déviance ou d’une erreur. C’est un choix qui, avec un accompagnement bienveillant, permet d’apprendre beaucoup de choses sur soi et sur les autres.
N’hésitez pas à nous écrire ! Nous vous répondrons avec plaisir !
Et venez lire l’article que j’ai écris sur le tabou de l’avortement. Il est sur le site !
L’épisode du podcast « Le Café des Lucioles » associé :
Petite bibliographie (avec ajouts pour s’informer sur la contraception masculine) :
Maëlle Kaddah, Florette Le-Brech, « génération no pilule », Larousse, 2021.
Geneviève Cresson, « Les hommes et l’IVG, Expérience et confidence », Sociétés contemporaines, vol. no. 61, no. 1, 2006, p. 65-89 : https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2006-1-page-65.htm?contenu=article.
Podcast « Les couilles sur la table » de Victoire Tuaillon : épisode 5 « Quand la grossesse n’est pas prévue ».
Documentaire « La place de l’homme » de la réalisatrice Coline Grando.
Site informations contraceptions masculines et commandes de l’andro-switch (anneau contraceptif) : https://thoreme.com/
Groupe Facebook « Contraception masculine – infos et témoignages » : https://www.facebook.com/groups/183554925562575/about.
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