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Parler de sexe : Episode 3 du podcast « Le Café des Lucioles »

La sexualité, un tabou ?

Nous avons passé des heures très agréables et amusantes en faisant le montage de l’épisode 3 du podcast « Le Café des Lucioles ». C’était à propos de parler de sexe ouvertement. J’ai passé un très beau moment avec mon amie Anna lors de cet enregistrement. J’ai eu le sentiment que nous nous disions enfin les « vraies » choses. Nous nous connaissons depuis au moins 15 ans. Pourtant, jamais les thèmes de la masturbation ou des violences sexuelles n’ont autant été abordés lors d’une conversation.

C’était comme se rapprocher encore, resserrer le lien de confiance et de bienveillance entre nous en se donnant la place de la confidence. Faire des blagues sexuelles est assez différent d’en parler sérieusement, réellement sérieusement. Nous touchons encore un sujet tabou pour ce troisième épisode.

Difficile d’ailleurs de trouver du contenu sur le lien entre sexualité et tabou. En premier lieu, je tombe surtout sur des articles expliquant la théorie psychologique freudienne. Je lis que les tabous viennent de la mère ou du père. Théorie qui, pour ma part, me semble réductrice.

Parler de la culture du viol

Puis, suivent les articles sur l’importance de parler de sexe aux enfants. Objectif : que leurs imaginaires ne soient pas seulement impactés par l’industrie pornographique et cinématographique. Selon le journal « The Conversation », les médias auraient « tendance à glamouriser, dégrader et exploiter la sexualité. (…) Ils promeuvent la promiscuité et l’objectification des femmes et font passer des attitudes agressives pour des éléments normaux des relations intimes ».

Il est clair que de nombreuses études ont été faites à propos de la pornographie. Ces études ont montrées que l’on retrouve, dans les films pornos, toutes les violences que porte notre culture du viol. La culture du viol, c’est l’ensemble des comportements et imaginaires qui minimisent, normalisent, voir encouragent le viol.

A titre d’exemple statistique, une étude Ipsos pour l’association « Mémoire traumatique et victimologie » a été effectuée en novembre 2021. Elle relève que 11 % des personnes sondées, tous âges et genres confondus, pensent que « lorsque l’on essaye d’avoir des relations sexuelles avec elles, beaucoup de femmes disent « non », mais ça veut dire « oui » ». Cette croyance au « non » explicite pouvant vouloir dire « oui » donne un début d’idée d’où en est le rapport sociétal global au consentement.

Attention, je ne remet pas la responsabilité d’un viol sur un élément culturel. Cet écart a été fait plusieurs fois : le viol n’est pas causé par des facteurs culturels mais par des humains.

Libérer la parole, transformer les désirs

            Une autre constatation qui peut être faite à propos de pornographie hétérosexuelle, est qu’elle n’érotise pas les corps masculins. L’érotisation du corps masculin est loin d’être quelque chose d’évident dans les esprits. A l’inverse, celui de la femme est hypersexualisé.

Ce sont quelques raisons parmi beaucoup d’autres qui me poussent à vouloir parler ouvertement de sexe. Comme le dit Anna dans notre épisode 3, finalement, cela serait bien heureux de pouvoir dire que l’on aime le sexe comme l’on aime les pâtes carbonara. Autrement dit, sans que cela ne déclenche simplement des rires ou des remarques salaces (bien que cette approche d’humour me plaise bien aussi).

Parler des violences, des chantages, des inconforts, des plaisirs, des doutes et des certitudes nous permettrait peut-être de questionner ensemble nos sexualités et de transformer nos rapports biaisés à l’autre. Peut-être que la pression de la performance et de la pénétration pourraient alors être évoquées. Ou encore celle du chantage émotionnel pour obtenir une faveur sexuelle…violence encore trop courante. Peut-être pourrions-nous érotiser le consentement pour faire barrière à cette érotisation du viol.

Ce ne sont que quelques thématiques, parmi tant d’autres, qu’il semble urgent d’aborder, avec rires, écoute des vécus et bienveillance. Parce qu’il y a urgence, et aussi simplement parce que nous aimons en parler et qu’elles font largement parties de nos vies.

Par ici pour écouter l’épisode de podcast en lien avec l’article.

Petite bibliographie enrichie :

Julia Pietri, Le petit guide de la masturbation féminine, Better Call Julia,2019.

Jüne Plã, « Jouissance club », Marabout, 2020.

Léa Marie, «Quand faut-il parler de sexe à ses enfants?», Slate magasine, 2017 : https://www.slate.fr/story/154193/sil-vous-plait-parlez-de-sexe-vos-enfants

Noémie Renard, « En finir avec la culture du viol », Paris, Les Petits Matins, 2018.

RAINN (Rape, Abuse & Incest National Network), « White House Task Force RAINN Recommandations», 2014 : WH Task Force Recommendations 02 28 14 rev (wikiwix.com)

Suzanne Zaccour, « La fabrique du viol : essai », Montréal, Leméac, 2019.

Valérie Rey-Robert, «Une culture du viol à la française : Du « troussage de domestique » à la « liberté d’importuner »», Paris, Libertalia, 2019.

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Podcasts : Camille Parle Sexe, VOXXX

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